Création et direction d’une Recherche fondamentale propre à une ONG ou à une Association à but non lucratif

Depuis le lancement de son premier projet de Recherche Participative en 1992 (suivi de la qualité des eaux du lac Léman France-Suisse) par des jeunes filles et des jeunes garçons de 15 à 18 ans, l’ONG Objectif Sciences International a monté des Programmes de Recherche Participative aussi bien à l’initiative de l’ONG elle-même, qu’à l’initiative d’un Laboratoire ou d’un Centre de Recherche publique.

A titre d’exemple, en 2006 a été lancé la Recherche Participative sur le suivi et la protection de la population de Panthères des Neiges en Asie Centrale, sur la base d’une décision du fondateur de l’ONG, M. Thomas EGLI, en 2004. Dans ce cadre, l’ONG s’est rapprochée d’Institutions scientifiques qui se sont greffée au projet lancé par l’ONG. Plusieurs projets (Biodiversité appliquée, Biodiversité fondamentale, Physique fondamentale, Electronique appliquée, Astronomie, Archéologie...) ont été lancé par l’ONG en natif, suite à quoi elle a établi les partenariats complémentaires utiles avec les Centres de Recherche concernés et intéressés par une telle collaboration avec OSI en tant qu’institution scientifique non gouvernementale.

A l’inverse, de nombreux projets ont vu le jour sous la forme d’un Programme d’ONG de Recherche Participative, sur la base d’un projet de recherche scientifique déjà en place au sein d’un établissement de recherche, qui a proposé à l’ONG de prolonger leur démarche via une approche participative citoyenne. Ces cas ont soit émergé suite à une proposition de l’ONG faite au Centre de Recherche, soit émergé suite à une proposition du Centre de Recherche, ou de l’association scientifique, qui a été faite auprès de l’ONG Objectif Sciences International.

Nous rappellerons ici à juste titre qu’une Organisation Non Gouvernementale existe à partir du moment où elle se donne pour mission de mener à bien un projet que l’on conçoit habituellement comme relevant des services publics fournis par le Gouvernement. Il existe plusieurs types d’ONG. Parmi les ONG se donnant un rôle institutionnel, un rôle opérationnel, ou les deux, il existe des postures militantes, des postures partenariales, et autant de crescendo entre ces deux ambivalences.

Cet article se concentre sur la méthodologie permettant et autorisant une association à but non lucratif, ou une ONG, a décider par elle-même d’une Recherche Fondamentale, d’une Recherche Appliquée, ou d’un Projet d’Ingénierie, de manière à ce qu’elle soit légitime en cela.

Nous espérons satisfaire ici aux demandes et requêtes de plus en plus nombreuses qui nous parviennent tant de la part des Gouvernements, des Représentations permanentes auprès de l’ONU ou de l’UNESCO, que de la part d’autres associations ou ONG, tous désireux d’avancer sur des projets de Recherche Participatives.

 La Recherche Participative comme outil

La Recherche Participative comme outil permettant à des associations à but non lucratif ou des ONG de mener à bien des recherches fondamentales originales et indépendante de tout gouvernement ou entreprise, ou en partenariat avec les Etats désireux de progresser sur de nouvelles priorités.

La recherche participative est une approche de la recherche qui implique activement les membres de la communauté ou les parties prenantes dans le processus de recherche. Cette méthode permet aux associations à but non lucratif de mener à bien des recherches fondamentales originales et indépendantes des gouvernements ou des entreprises de plusieurs manières.

Implication des parties prenantes : La recherche participative permet d’impliquer directement les membres de la communauté, les bénéficiaires, les experts locaux et d’autres parties prenantes dans la définition des questions de recherche, la collecte des données et l’analyse des résultats. Cela garantit que la recherche est pertinente, adaptée aux besoins de la communauté et reflète les préoccupations locales.

Accès à des connaissances locales : Les associations à but non lucratif qui adoptent une approche de recherche participative ont accès aux connaissances locales, à l’expertise pratique et à la sagesse communautaire, non plus uniquement sous la forme de sources d’informations qui acceptent de s’exprimer, mais directement sous la forme d’acteurs internes de la conception du projet lui-même. Cela permet de recueillir des informations précieuses qui pourraient être négligées par d’autres acteurs de la recherche. Cette approche ne sera pas utile si elle remplace ces autres formes de recherches, plus traditionnelles, mais le sera en complément de celles-ci, afin d’élargir le spectre des découvertes et des approches.

Responsabilité et transparence : La recherche participative favorise la transparence et la responsabilité dans le processus de recherche. Les membres de la communauté peuvent suivre et participer au processus, ce qui renforce la confiance dans les résultats de la recherche.

Indépendance : Les associations à but non lucratif sont souvent indépendantes des influences gouvernementales et des motivations commerciales, ou plus simplement activées sans filtre sur l’urgence de résoudre un enjeux, ce qui signifie qu’elles ont une plus grande latitude pour mener des recherches fondamentales sans conflits d’intérêts. Le fait qu’elles décident par elles-mêmes de mener une Recherche fondamentale ou appliquée, ou un projet d’Ingénierie, leur permet de mener à bien la mission pour laquelle elles existent.

Capacités de recherche : Certaines associations à but non lucratif développent leurs propres capacités de recherche en formant leur personnel, en recrutant des chercheurs qualifiés ou en s’associant à des chercheurs universitaires. Cela leur permet de mener des recherches de haute qualité de manière indépendante.

Financement diversifié : Les NPOs (Non For Profit Organizations) peuvent mobiliser des fonds auprès de différentes sources, notamment des subventions, des dons privés, des fondations philanthropiques, ou directement la participation des citoyens qui désirent soutenir financièrement le fait que le projet ait lieu, avance, et permette leur propre implication afin de dépasser les moyens réduits de l’association, ce qui leur permet de financer leurs propres recherches sans dépendre des gouvernements ou des entreprises.

Promotion de l’empowerment : La recherche participative vise souvent à renforcer les capacités des communautés locales à participer activement à la recherche, à comprendre les résultats et à les utiliser pour apporter des changements positifs dans leur vie. Cela favorise l’autonomie et l’empowerment des parties prenantes.

Il est important de noter que la recherche participative exige une planification minutieuse, une communication ouverte et des mécanismes de partage équitable des connaissances. Elle peut être plus lente et exiger davantage de ressources que d’autres approches de recherche, mais elle peut également aboutir à des résultats plus pertinents et plus durables pour les communautés et les organisations à but non lucratif qui l’adoptent.


 Légitimité d’une ONG à décider d’une Recherche et de sa conduite

Pourquoi et comment une association à but non lucratif, ou une ONG, peut-elle décider de son propre chef de lancer des recherches fondamentales, et les mener à bien, sans devoir demander l’autorisation ou la légitimité à qui que se soit d’autre ? En d’autres termes, quid de la Recherche Citoyenne ?

Les associations à but non lucratif (NPOs) ou les organisations non gouvernementales (ONGs) peuvent mener des recherches fondamentales sans avoir besoin de demander l’autorisation ou la légitimité à d’autres entités pour plusieurs raisons. Voici pourquoi et comment elles peuvent le faire.

Autonomie : Les NPOs et les ONGs sont des entités indépendantes, distinctes du gouvernement et de l’entreprise privée. Elles ont souvent une mission spécifique pour servir l’intérêt public, ce qui peut inclure la recherche fondamentale dans des domaines liés à leur mission.

But non lucratif : Le statut à but non lucratif de ces organisations signifie qu’elles sont souvent exemptées de certaines réglementations commerciales et fiscales. Cela leur permet de mener des activités de recherche sans l’objectif de réaliser des bénéfices financiers, avec la capacité de mobiliser plus de moyens (absence de taxes) en échange de porter des actions orphelines dans les domaines des Services Publics ou de l’Entreprise traditionnelle.

Liberté d’expression et d’association : Dans de nombreux pays, les NPOs et les ONGs ont le droit de mener des activités de recherche en vertu des lois sur la liberté d’expression et d’association. Cela leur accorde une certaine liberté pour entreprendre des projets de recherche sans ingérence excessive de l’État. Il serait dommage qu’à ce titre ce soient les citoyens qui limitent leurs propres pouvoir d’actions en considérant qu’ils ne sont pas légitimes pour décider et mener de tels projets. Raison pour laquelle cet article est proposé à votre lecture afin de vous donner des outils d’organisation.

Objectifs et missions spécifiques : Les NPOs et les ONGs sont souvent créées pour résoudre des problèmes sociaux ou environnementaux, et la recherche fondamentale ou appliquée, et les projets d’ingénierie peuvent être un moyen d’atteindre ces objectifs. Par conséquent, elles ont généralement la légitimité d’entreprendre des recherches en lien avec leur mission.

Financement : Ces organisations peuvent collecter des fonds auprès de donateurs privés, de fondations philanthropiques, de subventions gouvernementales ou d’autres sources pour financer leurs activités de recherche. Cela leur donne un degré de contrôle sur leurs propres projets de recherche.

Cependant, bien que les NPOs et les ONGs aient une certaine autonomie pour mener des recherches fondamentales, elles doivent néanmoins respecter les lois et réglementations applicables dans leur pays. Par exemple, elles doivent se conformer aux lois sur la protection des données, à l’éthique de la recherche, aux droits de l’homme, etc. De plus, elles peuvent être soumises à des contrôles et à des obligations de responsabilité envers leurs donateurs et bénéficiaires.

En fin de compte, la capacité d’une NPO ou d’une ONG à mener des recherches fondamentales dépendra de son mandat, de ses ressources, de son expertise interne et de son engagement envers la transparence et l’éthique dans ses activités de recherche.

La question se pose donc des compétences à réunir.


 Acteurs, Métiers et Décideurs à impliquer

Quels sont les acteurs, les métiers et les décideurs, qui doivent être réunis, pour décider d’une recherche fondamentale à mener, et pour accompagner la manière dont elle devra être menée ?

Au fur et à mesure des années que l’ONG Objectif Sciences International a développé des Programmes de Recherche grâce au format de la Recherche Participative inventé dans l’équipe en 1992, de nombreuses pratiques se sont consolidées.

La décision de mener une recherche fondamentale et la manière dont elle devrait être menée dépendent d’un contexte spécifique de l’organisation ou de l’entité qui entreprend la recherche. Cependant, voici une liste générale des acteurs, métiers et décideurs qui pourraient être impliqués dans le processus de décision et de gestion d’une recherche fondamentale.

Conseil d’administration ou Comité Exécutif : Le conseil d’administration ou Comex d’une organisation à but non lucratif (NPO) ou d’une organisation non gouvernementale (ONG) peut jouer un rôle clé dans la décision de mener une recherche participative. Il peut approuver le budget, les grandes orientations stratégiques et fournir une supervision générale.

Direction exécutive ou direction générale : La direction de l’organisation est souvent responsable de la gestion quotidienne de l’entité, y compris de la supervision des activités de recherche. Il peut avoir un rôle central dans la décision de lancer une recherche et dans la sélection de l’équipe de coordination du Programme de Recherche ou d’Ingénierie.

Responsable de la recherche : L’organisation peut avoir un responsable de la recherche, qui est chargé de la planification, de la coordination et de la supervision des projets de recherche. Ce professionnel peut avoir une formation en recherche et en gestion de projets de recherche, mais il peut aussi bien être salarié, consultant, bénévole, voire même, composé d’un binôme chercheur professionnel - citoyen.ne chercheur.euse.

Équipe de recherche : Les chercheurs et experts qui se positionneront comme facilitateurs de la recherche fondamentale ou appliquée qui sera menée par les personnes non-scientifiques, sont au cœur du processus. Positionnés comme encadrant et éducateur-chercheur, accompagnant des apprentis-chercheurs que sont les citoyens participant aux projet, ils doivent avoir l’expertise nécessaire dans le domaine de recherche spécifique, et ils seront responsables de la collecte et de l’analyse des données, mais ils ne peuvent omettre la nécessité de dimensionner un projet de recherche de manière à ce qu’il soit réaliste dans une manière totalement participative, ni non plus les considérations pédagogiques et ergonomique du projet.

Comité consultatif, Comité Stratégique, Comité Citoyen : Pour garantir l’objectivité, l’exactitude et la qualité de la recherche, certaines organisations peuvent constituer un comité consultatif composé d’experts externes qui supervisent le projet, fournissent des conseils et examinent les résultats.

Financiers : Les responsables de la gestion financière de l’organisation, y compris le responsable financier et le trésorier, joueront un rôle clé dans l’allocation des ressources budgétaires pour la recherche fondamentale. Tout comme l’Education, pourtant prioritaire et point clé du développement et de la résolution de nombreux problèmes, ne bénéfice pas d’un investissement suffisant de la part des personnes dans leur destinée, la Recherche de solution reste insuffisamment financée au regard de ce qu’elle pourrait permettre de résoudre. Le format de la Recherche Participative s’avère être gagnant sur le plan du financement de la Recherche, car de nombreux individus désirent financer des Recherches sérieuses dont ils seront eux-mêmes acteurs directement impliqués dans l’aventure scientifique qui s’ouvrent devant eux.

Partenaires externes : Dans certains cas, les NPOs et les ONGs peuvent collaborer avec des partenaires externes, tels que d’autres organisations de recherche, des universités, des entreprises, des gouvernements, etc. Ces partenaires peuvent influencer la décision de recherche et apporter des ressources complémentaires.

Bailleurs de fonds : Si l’organisation dépend de financements externes, les bailleurs de fonds peuvent également avoir un rôle dans la décision de mener des recherches spécifiques. Ils peuvent lancer des priorités de recherche ou donner des exigences de qualité en échange de plus gros financements. L’association conserve son indépendance, mais les exigences de qualité en échange de plus grands financements les amènent à pouvoir s’épanouir à d’autres niveaux de productivité leur permettant de se positionner au même niveau logique que les Gouvernements ou les Centres de Recherche Publics.

Parties prenantes : Les parties prenantes, y compris les membres de l’organisation, les bénéficiaires des programmes, les communautés locales ou d’autres groupes concernés, peuvent avoir leur mot à dire dans le choix des domaines de recherche ou dans les questions de recherche spécifiques. Cela dépendra de la place que l’association ou l’ONG voudra leur donner dans la conduite ou la pratique du Programme de Recherche.

En fin de compte, la composition des acteurs impliqués dans la décision et la gestion d’une recherche participative fondamentale ou appliquée peut varier considérablement en fonction de la taille, de la structure et de la mission de l’organisation, ainsi que des normes éthiques et de gouvernance en vigueur. Il est essentiel de considérer tous ces éléments pour garantir la transparence, l’intégrité et l’objectivité tout au long du processus de recherche.