Quels jalons pour cadrer un projet de Recherche Participative ?


Dans le cadre de la Science et des projets de Recherche en lien avec la société, il existe de nombreux niveaux d’implication des citoyens, quel que soit l’âge de ceux-ci. On peut monter crescendo de la vulgarisation scientifique à la médiation scientifique, puis aux sciences citoyennes, crowdsourcing, voire aller jusqu’au niveau d’implication des sciences participatives, et on peut dépasser encore ce stade et impliquer totalement les citoyens sur l’intégralité des étapes de la recherche, et aller à la Recherche Participative. (Pour aller plus loin sur cette question, voir l’article Distinguer une Recherche réellement Participative d’une Recherche qui implique des personnes non scientifiques sans les faire réellement participer).

Dans le cas précis d’un projet de Recherche Participative en particulier, les niveaux d’implications des non-scientifiques ne peuvent pas être partiels.

Nous trouvons sur cette page un certain nombre de jalons permettant de dimensionner et borner un projet de Recherche Participative.

  • Préférer un nouveau projet de recherche défini en natif sous une forme participative, plutôt que de chercher à rendre participatif un projet déjà existant. Bien sûr un nouveau projet peut être défini dans le cadre d’une recherche en cours.
  • Poser un très bon Etat de l’Art. S’il est nécessaire de clarifier, ne pas hésiter à séparer un projet pluridisciplinaire très large, en plusieurs projets thématiques, et mener chacun spécifiquement, afin de simplifier la compréhension du projet ainsi que son accueil par la communauté disciplinaire concernée. Dans tous les cas pour qu’un projet puisse être porté il doit être dimensionné à l’intérieur de l’ensemble des champs disciplinaires maîtrisés par les partenaires scientifiques impliqués, quitte à en réduire l’envergure ou à aller chercher un partenaire scientifique supplémentaire.
  • Circonscrire le projet de recherche aux possibilités existantes. L’ouverture à d’autres possibilités ne fait pas l’objet du projet de recherche mais d’une dimension de développement en amont.
  • Utiliser toujours en priorité, le mot courant quand il existe, à la place du mot technique. Dans tous les cas éviter absolument les jargons.
  • Démontrer une vraie démarche de co-construction de la Recherche. Dans la présentation des acteurs du partenariat, présenter les organismes de recherche et de la société civile au même niveau et de la même manière.
  • Préciser le détail exact composant les publics non-scientifiques rendus participants-chercheurs. Toujours aller en profondeur dans les différentes couches de la société, et ne pas se limiter à faire contribuer uniquement des représentant-e-s de groupe, mais bien aller chercher des citoyen-ne-s en direct. Discerner la composition du Grand Public, à part du public impliqué.
  • Les citoyen-ne-s impliqué-e-s ne doivent pas obligatoirement être les bénéficiaires finaux de la recherche.
    • Recherche Participative à Impact : Par exemple si on doit éviter au citoyen-chercheur une situation d’observateur partie-prenante afin de lui permettre un rôle indépendant dans la recherche et lui éviter de potentiels biais, s’il s’agit d’une recherche nécessitant l’observation de personnes (anthropologie, psychologie…) et que le citoyen-chercheur doit être une autre personne que le citoyen impliqué dans la question à résoudre, ou encore s’il s’agit d’une recherche sur un site (parc naturel, côté marine, montagne…) sur lequel se rendent des citoyens issus d’ailleurs (le reste du pays, volontaires étrangers…), ne sont que quelques exemples des situations dans lesquels le citoyen-chercheur n’est pas directement concerné par la recherche ou directement bénéficiaire des résultats (Extra Community Based Research) mais sont engagés dans un projet à impact (Good Deed – Impact Participatory Research Project).
    • Recherche Participative Communautaire : Si en revanche le citoyen-chercheur mène des recherches par lesquels il est concerné ou dont il va bénéficier ou faire bénéficier à son entourage, cette Recherche Participative a un caractère d’implication communautaire (Community Based Research – Community Based Learning).
  • Ne pas confondre la dimension participative et la dimension de vulgarisation. Par exemple, la diffusion et la valorisation des données issues de la recherche, n’est pas à l’attention du public impliqué puisque celui-ci est déjà co-auteur de ces données. Dans cet exemple, les publics impliqués en participatif sont donc co-auteur de la diffusion et la valorisation, celle-ci étant à destination d’un public encore plus large.
  • Répartir équitablement les missions entre l’Organisme de Recherche et l’Organisme de la Société Civile pour que le projet soit équilibré, de manière complémentaire et gagnant-gagnant (i.e pas d’effort supplémentaires pour apporter chacun les ingrédients qui permettent de définir et mener une recherche et d’impliquer les citoyens).
  • Lister les différentes étapes de la conduite de la Recherche (livrables, workpackages…) et préciser le rôle des non-scientifiques impliqués, ainsi que la manière de les impliquer, à chacune de ces étapes. Une bonne manière est de séparer la désignation du livrable, le rôle des non-scientifiques et le rôle des scientifiques.
  • Inclure les acteurs de l’Université (thésards…) pour introduire les résultats de la recherche dans la communauté scientifique au-delà du projet / connecter les non-scientifiques aussi avec l’Université en plus d’avec la Recherche.
  • Le financement ne peut pas financer uniquement l’organisme de recherche, sinon on n’est manifestement pas sur du Participatif. Dépasser les 50% de financement pour le-s organismes de la société civile pré-conditionne le fait d’être une Recherche qui soit réellement Participative, à charge de vérifier le fait que les non-scientifiques sont bien impliqués à toutes les étapes de la recherche et la manière dont ils le sont (voir plus haut).
  • La production de données et leur valorisation, doivent pouvoir convenir à la fois aux canons de la recherche pure, et à la fois aux cadres de la vulgarisation, afin de couvrir l’ensemble des 2 champs de la Recherche et de la Participation.
  • Le budget doit être cohérent et détaillé. Le mieux peut être de l’organiser autour de l’activité participative, et d’y trouver les éléments relevant de la recherche.

Navigation